mercredi 8 avril 2009

Vins boliviens


Voici quelques détails extraits du Lonely Planet Bolivie.

« La région de Tarija s’enorgueillit d’être l’une des plus élevées du monde viticole. Les vignes, introduites par des missionnaires au XVIIème siècle, poussent en effet à une altitude située entre 1900 et 2100m, et à seulement 22° au sud de l’équateur. En conséquence, les raisins mûrissent plus vite qu’au niveau de la mer (parce que l’atmosphère y filtre moins les rayons du soleil), ce qui facilite dès le début le processus de maturation et la garde du vin.

Les cépages utilisés sont principalement du muscat d’Alexandrie et des cépages californiens, mais les viticulteurs boliviens tentent désormais de mettre en place un nouveau concept en définissant l’identité propre du vin bolivien. Ils se retrouvent donc face à un dilemme : doivent-ils essayer d’imiter le goût et le bouquet des vins français, de produire à grande échelle comme en Californie, ou se rapprocher plutôt de leurs voisins, les vins très estimés du Chili ? Afin d’avoir quelques éléments de réponse, nous sommes allés rendre visite à deux viticulteurs très différents dans la vallée de Concepcion.


Le premier établissement, l’un des meilleurs de Bolivie, appartient à la famille Pineda : la Bodega La Concepcion. Les Pineda sont unanimes : aucun exemple n’est à suivre. Au contraire, d’après Sergio Pineda, le vin devrait « refléter le caractère propre de la Bolivie ». Leur vin le plus primé, Cepas de Altura n’est pas mûri en fût de chêne ou d’autre bois, mais il n’en est pas moins étonnamment délicieux. Comme le dit Sergio lui-même : « c’est un vin à la fois pissant et subtil. Il n’y a pas besoin de l’accompagner de viande, d’olives ou de fromage pour qu’il révèle ses arômes. Il se suffit à lui-même. »



A la Casa Vieja, une bodega artisanale installée dans un ancien couvent jésuite vieux de 350 ans, la propriétaire, Doña Vita, est une personne affable qui nous a accueillis avec un grand sourire rehaussé de dents en or. « Nous avons commencé à faire du vin par accident, il y a 15 ans. Une personne qui devait de l’argent à mon père l’a remboursé en lui donnant plusieurs tonneaux. Ne sachant pas quoi en faire, nous avons cueilli le raisin qui poussait derrière pour le mettre dedans sous forme de vin et, depuis, nous n’avons plus arrêté ! » plaisante-t-elle en tapotant affectueusement ses tonneaux. Interrogée sur ce qu’elle pense du vin bolivien, elle répond : « Pour moi, le vin bolivien devrait rester simple et proche de la terre, comme le sont les gens d’ici. La vraie force du vin de Bolivie, c’est sa diversité. Il a un style bien à lui, comme les Boliviens eux-mêmes. »

Viva bodega !



Depuis les festivités du carnaval fin février, la vie s’était faite plus paisible voire un brin ennuyante… Boulot, boulot er repos le week-end. Faut dire qu’un week-end normal commence à 21h le vendredi soir et se termine le lundi matin à 7h donc les expéditions sont limités dans le temps et dans l’espace si on compte minimum 8h de bus pour s’évader… Donc, que faire ? Essayez de connaître les environs. La région de Tarija est LA région vinicole de Bolivie. Ils y font des vins d’altitude, ce sont les vignes les plus hautes du monde, à environ 2 000m.

Lors d’une de nos nombreuses pauses au Gattopardo, LE café de la place centrale, nous faisons la connaissance d’un français, François Thorez, ingénieur viticole et consultant pour la bodega Casa Grande ici. Il nous propose alors une visite guidée la semaine suivante. Rendez-vous est pris samedi 21 mars. C’est sur la route qui mène à Bermejo, à environ 15-20 km de Tarija que se trouve la bodega. Elle n’a que cinq ans et comme beaucoup ici, elle ne possède pas ses propres vignes, c’est plutôt une coopérative, ils achètent le raisin aux propriétaires des environs. Une fois sur place, François nous montre comment cela fonctionne : les raisins sont ramassés dans des caisses en bois, ainsi les merdes tombent et ne se retrouveront pas dans le processus de vinification. Les grappes arrivent sur une table de tri où de jeunes boliviennes retirent les plus abîmées.
Le raisin s’en ira ensuite reposer dans des cuves en métal pour fermenter. Afin de refroidir le liquide à l’intérieur des cuves, il existe un système de refroidissement : il s’agit d’une grande plaque creuse en métal qui traverse la cuve et dans laquelle passe de l’eau froide en continu.



Le truc, ici, en Bolivie, c’est qu’il n’existe pas tellement de réglementation à propos du vin et des cépages, ils font donc ce qu’ils veulent. On peut y voir du bon comme du mauvais : les puristes du vin français crieront au scandale car un vin d’appellation malbec ne peut contenir que 60% de ce cépage, quand en France la réglementation en réclame 80%... Mais on peut aussi y voir la possibilité infinie de création : d’un cépage moyen, on peut obtenir un bon vin « coupé », un assemblage inventif, l’option d’une nouvelle saveur jamais connue… C’est ça que vient chercher ici François Thorez, l’inventivité et cette liberté de création. Nous avons eu le privilège de goûter un Malbec en cuve depuis 15 jours seulement, un vin très nouveau donc et particulier dans la saveur mais aussi pour sa texture un peu épaisse. Sous nos yeux, il a procédé à ses fameux mélanges : un peu de ci, un peu de ça et tada. A 9 heures du matin, les vapeurs d’alcool et ses mixtures ont eu raison de mon crâne mais l’expérience fut intéressante.



De vins blancs passés, ils réaliseront du singani, un alcool typique d’ici, eau-de-vie de raisin distillée (40°) ou bien du brandy (équivalent du cognac mais qui ne peut avoir cette appellation car ne vient pas de cette région, héhé).
Cette fin de semaine sera placée sous le signe du vin. Et oui, en cette fin mars, fin de l’été, le temps des vendanges est bientôt venu et dans la vallée de la Concepcion où la vigne est reine, on célèbre la seconde rencontre du vin et de l’art. Un festival artistique où l’art et le vin sont associés tant dans les œuvres d’art que dans la gorge des artistes et des visiteurs du festival. On a pu entre autres assister à la présentation de divers courts-métrages mais le top de la soirée fut ce défilé de modèles internationaux… je cite « l’alliance de la beauté et du ciment » était présentée en ce que les jeunes filles défilaient en bleu de travail… haha.