lundi 2 mars 2009

Mon carnaval à Oruro

Enfin, sortir de Tarija, s’échapper quelques jours et aller découvrir d’autres contrés et pas des moindres et pas à n’importe quelle occasion… Nous nous embarquons ce vendredi après-midi du 19 février avec Clémentine pour le fameux carnaval d’Oruro, un des plus beaux avec celui de Rio. Après nous être arrangées avec le travail à l’Alliance, nous pouvons prendre le bus de 17h et nous arriverons donc là-bas, bien plus au nord de la Bolivie, et bien plus haut que Tarija (de 1800 m nous allons parvenir à plus de 3000 m) vers 8h du matin au terminal.

On nous avait prévenues, la ville n’a aucun charme, plutôt austère, je ne m’étale pas en détails mais nous ne sommes pas là pour ça mais bien pour faire la fête. Retrouvailles avec Lou, autre française déjà croisée quelques semaines plus tôt à Tarija, elle est accompagnée cette fois d’un australien, Scott et d’un anglais, David. Marcelo, élève de Clémentine à l’AF, nous avait conviées à célébrer le carnaval avec lui, et nous hébergeait donc chez sa grand-mère sur les hauteurs d’Oruro. Un petit déjeuner vite avalé dans la rue, un thé qui fait du bien, du pain et du fromage frais de vache, miam, ragaillardies, nous allons déposer nos sacs chez la « abuela » (grand-mère) de Marcelo, son cousin est aussi de la fête. Le décor est donc planté, certes, nous ne sommes pas boliviennes mais on le fera à la bolivienne, avec des boliviens et pas comme tous ces touristes qui ont pris d’assaut le terminal et la ville depuis quelques jours…

Carnaval oblige, Oruro en profite pour gonfler ses prix, il le faut bien, en dehors de l’année, les touristes ne courent pas les rues. Et, pour assister à la « entrada » (défilé du samedi), les places dans les gradins se monnayent. La place vaut 140 bolivianos (après négociations, vu qu’on était quand-même 20 !), soient 15 euros environ. Mais voilà, nous serons placés sur la Avenida civica, à la fin du parcours, là où c’est le plus large et où les danseurs seront le plus à même de danser, de faire leur chorégraphie, tout cela juste avant d’atteindre le point final, l’église de la Vierge Socavon. Oui, il ne faut pas oublier que le but du carnaval est avant tout religieux : les danseurs et musiciens après avoir parcouru les 2-3 km vont entrer à genoux dans l’église et vont y recevoir une bénédiction mais… à quelle heure ?

L’entrada commence tôt le matin vers 8h. Où nous étions nous, ils ont commencé à arriver vers 10h et nous étions en place. Je ne vous cache pas que j’ai mitraillé de photos (plus de 1 000, oui, je sais, j’exagère) mais vous comprendrez aussi quand je vous dirai que moi, je m’attendais à un défilé de 2-3 heures mais, non, non, non… ça a été du non-stop jusqu’à 7h30 le lendemain matin !!!! Je ne sais toujours pas le chiffre mais le nombre de groupes, de danseurs est impressssssioooooonnnnnant !!!! De quoi, devenir dingo ! Nous avons eu de la chance en plus car ce samedi, il n’a pas plu, le ciel était bleu et ce n’est pas pour nous déplaire puisqu’à côté de ces festivités pleines de strass, il y en a d’autres plus humides… Toujours ces bombes à eau et ces aérosols de mousse donc nous, touristes, nous sommes les premiers visés et malgré les ponchos sac poubelle-préservatifs géants qui sont vendus à tous les coins de rues, nous ne finissons pas très au sec.

Nous nous éclipsons tout de même à deux reprises pour aller manger et le soir, pas pour manger n’importe quoi : des rostros de oveja (« têtes de mouton »). Et là, je vois mes camarades se délecter d’un bout de joue, de la langue ou bien du cerveau de ces pauvres bêtes. Je ne fais pas ma fine bouche, je goûte un bout de joue mais voilà, le stand d’en face qui propose des sandwiches au poulet va plutôt gagner mon cœur, haha ! Je reste toutefois fascinée devant mes compagnons et leurs carcasses. Retour au défilé et nous y resterons jusqu’au petit matin, avec le soleil qui ne va pas tarder à se lever, les bières qui coulent toujours à flots dans les gosiers, le public descend bientôt des gradins et s’en va danser avec le cortège. L’ambiance devient folle, puis une fois terminé le parcours, tous les musiciens se retrouvent sur la place devant l’église et tous ensemble, ils continuent à jouer, c’est l’ « alba » (l’aube).

L’entrada touche à sa fin, il est temps pour nous de prendre un court petit déjeuner, histoire de ne pas se coucher le ventre vide. Il est 8h30, je peux fermer les yeux et rêver encore de strass, de paillettes, de fanfare, des danses, des costumes. Oruro, ce n’est sûrement pas Rio, la samba et les filles moitié nues mais c’est une autre musique, des gens toujours heureux de danser, des masques d’une qualité incroyable, tant de détails, des costumes beaux mais beaux, parfois inspirés du folklore passé : les incas, les peuples de l’Altiplano, la conquista espagnole, les populations noires du Béni, etc. Non, c’est sûr, Oruro n’a rien a envié à Rio, une agréable surprise et un souvenir pour la vie.

Le dimanche et le lundi ont été plus tranquilles : le dimanche, les groupes défilent de nouveau mais dans un ordre différent et dans un état différent (haha), plus bourré que la veille et à visage découvert. Le public partage le bitume avec les artistes et c’est alors un bordel incroyable. Pour remédier à tout ça, parce que ça entraîne du retard, des gros trous dans le cortège et que le spectacle n’est plus alors si prestigieux que la veille, l’organisation peut avertir les groupes de leur retard (via un drapeau bleu) et s’il y a trop de retard, ils peuvent être sanctionnés d’un drapeau rouge et là, alors cela signifie que l’an prochain, ils passeront les derniers du cortège ! Des petits groupes amis, aux costumes moins élaborés, plus dans le style de nos carnavals à nous, sont également de la partie ce jour-là.

Le lundi enfin, encore plus calme, même si quelques groupes d’irréductibles défilent encore à travers les rues et non plus selon le parcours prédéfini du samedi, nous en profitons pour déguster de la viande de lama (oui, oui), du charque de lama. C’est un plat typique d’Oruro : le charque (« tcharqué ») c’est donc de la viande de lama qui a été bouilli puis faite sécher au soleil avec du sel. Cela a une texture un peu sèche donc, et filandreuse. Avec cette viande, vous avez du maïs cuit (mais pas du jaune jaune comme chez nous, un autre type), un œuf dur et une pomme de terre cuite. Le tout se déguste avec les mains et l’assiette est enveloppée d’un sac plastique sur lequel est déposé la nourriture… Pourquoi donc ? Et bien, si vous n’avez plus faim, vous pouvez ainsi emporter ce qu’il vous reste ! C’est pas pratique ça ! Notre escapade à Oruro s’achève avec la visite de l’église et de son musée minier souterrain. Il est bientôt l’heure d’y aller mais évidemment, nous sommes en retard et nous nous retrouvons bloqués avec le taxi dans les rues encombrées par les danseurs et musiciens. Heureusement notre chauffeur est un pilote (bourré, on ne s’en apercevra qu’à la fin de la course bien sûr) et nous parvenons juste à temps au terminal de bus. Il est 19h, nous quittons Oruro pour regagner Tarija le mardi matin vers 7h. Le temps est gris, le cœur n’est plus trop à la fête… jusqu’au soir, haha !

Nous clôturerons cette édition du Carnaval 2009 à Tarija en compagnie d’amis boliviens : petite balade en voiture dans les rues afin de nous venger de toutes ces bombes à eau reçues ! C’est notre tour cette fois ! Une bassine pleine de « globitos » sur la banquette arrière, chacun à sa fenêtre et vlam, vlam, teins prends ça ! haha. Bon, moi, jamais très douée mais j’ai quand même fini par en avoir un, en plein dans le dos !!!


Les photos sont en ligne ici et ici (en accès libre, pas besoin de s'inscrire), en attendant que j'illustre les billets correctement.

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