Les festivités du carnaval, on le sait sont beaucoup plus respectées et chères au cœur des sud-américains que chez nous. Voyez un peu en cette fin de semaine, tout le monde qui se précipite à Rio pour voir le défilé des écoles de samba. Je n’ai rien à dire, sauf que cette année, ce ne sera pas Rio pour moi mais attention… ORURO et un autre, sinon l’autre, carnaval d’Amérique du Sud à voir. Mais avant de vous raconter mes futures péripéties de ce week-end, je pars tout à l’heure, à 17h, wouhou, il me faut vous raconter aussi ce qui se passe pour Carnaval dans une dimension plus humble certes mais pas en reste, à Tarija.
C’est pas sympa ça, fêter l’amitié comme ça ?
Il y a tout d’abord eu l’ouverture, le 30 janvier, un petit rassemblement de chapacos (propriétaires terrestres de la région du Chaco, ici) à cheval avec leurs belles chemises blanches ou écrues et à cheval, avec le chapeau, et tout et tout, ils ont la classe, un peu à la gaucho argentin. Donc petite mise en jambe…
Le vendredi suivant, le 6 février, toujours sur la place principale interdite à la circulation, les tarijeños se retrouvent, les jeunes se jettent des bombes à eau et s’aspergent de mousse contenue dans un aérosol. Tout le monde est ravi, personne ne râle si on se fait arroser, c’est dans l’air de la soirée, et même de tous les jours à Tarija ce mois-ci. J’ai été victime de quelques assauts mais jamais très bien dirigés donc j’y échappe mais avec ma tête de pas d’ici, je suis une cible idéale, haha. Bref, cette soirée du 6, ils appellent ça le « preca » pour pré-carnaval, bien sûr, je vois que vous suivez toujours, merci. Et là, sur la place, bonne humeur garantie, on élit la « miss Carnaval », il y a quelques chars dont celui du Diable, et oui, toujours lui, protagoniste principal de ces festivités. Je le retrouverai samedi aussi dans les rangs du défilé à Oruro. Des jeunes sont déguisés un peu grunge avec des perruques, il y a des acrobates, tout va bien, on s’amuse et ce n’est que le début…
Les évènements s’enchaînent et à Tarija, tout spécialement, il y a deux jours qu’on ne raterait pas… Le « dia de compadres » et celui des « comadres » : jeudi 12 c’est donc le jour des copains et le jeudi suivant, hier, 19 février, celui des copines… Et que fait-on ce jour-là ? Le matin, les enfants fabriquent, garnissent plutôt, une corbeille en osier avec une petite tarte briochée, ça c’est au fond, puis on recouvre le tout de feuilles de couleur, on pique quelques ballons dans la tarte et on parsème le tout de cotillons, tout y est couleur et symbole de fête. L’après-midi, les écoles sont fermées, c’est pour dire si c’est important et même la ville tourne au ralenti. Mais donc, que se passe-t-il avec notre corbeille… Vous vous rendez chez celui ou celle que vous avec choisi(e) compadre ou comadre, vous allez lui signaler votre présence non pas en sonnant mais en faisant exploser des pétards sur le pas de sa porte. Celui-ci ou celle-ci averti(e) de votre présence vient vous ouvrir, vous le décorez de confettis et de cotillons et vous lui offrez votre corbeille. Vous partagez le verre (ou la bière) de l’amitié et l’année prochaine, il/ elle vous le rendra.
C’est pas sympa ça, fêter l’amitié comme ça ?
Je ne pouvais donc pas laisser passer cette occasion, j’ai donc acheté ma petite corbeille, bah oui car on peut aussi l’acheter au coin de la rue et là, le contenu peut être plus élaboré selon l’argent que vous y mettez. Pour ma part, j’ai pris un bon package : la tarte, du raisin, des herbes, des fleurs, des cotillons, des pétards, les ballons, les petits drapeaux et aussi, pour les adultes, on ajoute… des courges (pour le compadre, symbole du sexe féminin) et un concombre (si c’est pour votre comadre, vous aurez deviné ce qu’il représente). Je me présente sur le pas de la porte du bar d’Ale, c’est le copain de Clémentine, ma coloc’ (vous suivez toujours ?) et je l’ai fait mon compadre. Yahoo ! Nous avons poursuivi la fête comme il se doit au campo des compadres (le champ des copains) où toute la ville était là pour manger, boire et rigoler. J’y ai fait mon petit tour pour vous rapporter quelques photos de chapacos et de chapacas mais aussi pour découvrir un jeu traditionnel : la bata. C’est pour les hommes, vous devez jeter un os dans un carré rempli de boue et selon comment il tombe, vous pouvez gagner 50 bolivianos (5 euros), s’il se plante droit, la pointe en avant ou bien repartir avec « culo », c’est-à-dire qu’il est mal tombé, sur la tranche, je crois, et que c’est pas trop bon signe.
Je quitte mes camarades vers 16h30 et il était temps car c’est ça aussi el dia de compadres, c’est que vu comme ça commence de bonne heure, et bien très tôt, ils sont tous bourrés et bon, on connaît le risque de fréquenter de la viande soûle… mais bon j’en garde moi, une bonne image et c’est bien là, l’essentiel.
ET pour ce qui est de « dia de comadres » (le jour des copines), et bien, Ale, en tant que bon compadre m’a rendu la pareille et est venu faire exploser des pétards et m’offrir ma corbeille de comadre.
Le soir, vers 20h, toute la ville est rassemblée sur des gradins qui ont été installés le long de l’avenue des Amériques et le défilé peut commencer. Différents groupes de comadres, selon les quartiers, etc. viennent défiler avec leur corbeille, certaines en habit traditionnel de chapacas, d’autres avec de simples tee-shirts de la même couleur. Le seul inconvénient, toujours l’eau et la mousse, bien que la police soit là, et qu’on ait été prévenu qu’il ne fallait pas asperger les participantes et voilà, les beaux chapeaux qui valent cher, sont les victimes de ces plaisantins. Quel dommage quand même ne pas respecter au moins ça ! Enfin, après la tradition veut que toutes ces comadres qui ont défilé, bras-dessus bras-dessous par paire, se rendent à la place principale pour continuer les festivités mais là, on s’arrose toujours et on arrose son gosier…
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